Sheila Fuseini transpose la richesse des paysages de son pays natal le Ghana - ses lagons, ses savanes à perte de vue et l’immense lac Volta - à travers une décomposition de plans qui fusionnent dans l’espace de la toile, en une synthèse spatiale immersive, évoquant un voyage imaginaire.

Usant des pigments naturels extraits de plantes de caroube, elle nous fait part dans ses expérimentations avec la couleur, d’un grand projet poétique qui rend compte de sa perception sensorielle et spirituelle, recréant le système expressif de Kandinsky. La juxtaposition des surfaces jouant d’une égale intensité n’est pas sans rappeler la technique du kente, ces textiles tissés puis assemblés, emblème des valeurs sociales du Ghana.

Sheila Fuseini développe une œuvre en appliquant des composants de base tels que la ligne, la couleur et la texture pour créer des champs spatiaux qui intègrent des matériaux comme l’acrylique et les chutes de cuir, rebuts issus de meubles ou de sacs. L’artiste applique le principe du collage sur tulle ou sur panneau, conférant à sa peinture un sens de la matérialité qui donne au spectateur une expérience tactile, ouvrant sur de nouvelles interprétations de son travail. Composée de façon abstraite, l’œuvre de Sheila Fuseini ne se limite pas à cette lecture strictement formaliste. Les réseaux linéaires qui innervent la composition déterminent de grands aplats de bleu, de vert, de roses subtils, de tons gris ocres et bruns qui s’équilibrent avec l’éclat des oranges et des rouges. Cette combinaison de surfaces colorées empreintes parfois de touches à l’acrylique détermine des losanges ou triangles qui s’inversent, se chevauchent, inscrivant sans hiérarchie quelques éléments figuratifs, rencontres imprévisibles d’une maison ayant la même valeur qu’une feuille. Allusion au monde qui l’entoure, indication topographique... ils instaurent une approche nouvelle, sorte de kaléidoscope invitant le regard à glisser d’un espace à l’autre.